La navrante complainte de l’enfant gâté

Trop nombreux sont les jours où j’aurais besoin d’un shampooing-wc, comme appelait Tournier cette méthode qui consiste à mettre la tête dans la cuvette et à tirer la chasse d’eau (Le roi des Aulnes).

Je suis dur avec moi-même, je l’ai toujours été. Une exigence de qualité de vie, de relations, de performances professionnelles ou artistiques qui me pousse au néant. Combien de choses n’ai-je pas entreprises dans ma vie par réticence de ne les accomplir qu’imparfaitement?

Au pif, je dirais entre 2987345 et 2987364.

Il y a trop à faire, trop à entreprendre, trop à jouir, trop de gens à rencontrer, trop de filles à faire sourire, trop d’amis à soutenir, trop de chansons à écouter, trop de films à voir, trop de concepts à comprendre ou de causes à défendre. Je refuse l’unicité de la voie. J’emmerde les choix de vie. Manque de contraintes? Peur de l’erreur? Pas de passion? …inculper la bonne explication, encore un choix. Et merde.

Comment trouver l’impulsion? Je passe une moitié de ma vie à m’affranchir de toute contrainte, l’autre à me demander pourquoi il n’y a aucune force qui puisse me faire bouger de mon sofa.

Alors je reste dans mon appartement, et je regarde par la fenêtre les oiseaux qui tournent en rond dans le ciel. Je suis englué dans mon inaction, et à la première minute où je serai contraint par des obligations, je penserai à ces faux moments de liberté en soupirant comme un crétin: « Ah, si j’avais un peu de temps, je ferais… »

À croire que ma vie n’est mue que par un faisceau de contraintes. Mais essayez seulement de m’obliger, vous allez voir combien je sais me battre pour retrouver ma liberté.

12 avril 2008. Spontané. Laisser un commentaire.

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