Une poignée de sable que l’on appelle conscience

Extrait de « Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes » (Robert M. Pirsig):

À chaque instant, nous éprouvons des millions de sensations diverses, dont nous sommes plus ou moins conscients: ces collines brûlées, le bruit du moteur, les vibrations de la machine; chaque rocher, chaque plante, les barrières, les détritus au bord de la route. Nous percevons tout cela, mais nous n’en prenons pas vraiment conscience, sauf si nous avons à réagir à une sollicitation inhabituelle. Nous ne pouvons prendre conscience de tout ce qui est, notre esprit serait surchargé de détails inutiles, cela rendrait toute pensée impossible. Nous devons trier parmi nos perceptions, et le résultat de ce tri que nous appelons « conscience » n’est jamais identique à nos perceptions: parce qu’en triant nous modifions le réel. Nous prélevons une poignée de sable dans le paysage infini qui nous entoure – et nous la baptisons: monde. C’est sur ce monde que nous appliquons le processus de discrimination. Nous divisons le sable en petits tas: l’ici et l’ailleurs, le blanc et le noir – l’hier et l’aujourd’hui. (…) Plutôt que de s’interroger sur l’usage possible de la poignée de sable, il convient de se tourner vers l’immense paysage dont elle fait partie.

5 février 2010. C'est pas moi qui l'ai dit.

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