Un arbre qui ne presse pas sa sève

« La solitude qui enveloppe les oeuvres d’art est infinie, et il n’est qui permette de moins les atteindre que la critique. Seul l’amour peut les appréhender, les saisir et faire preuve de justesse à leur endroit.

À chaque fois, dans toute discussion de ce genre, à l’égard de toute discussion de ce genre, à l’égard de toute recension ou de toute introduction de cet ordre, donnez-vous raison, à vous et à votre sentiment, et si toutefois vous devez avoir tort, c’est la croissance naturelle de votre vie intérieure qui lentement et avec le temps vous conduira vers d’autres conceptions. Conservez à vos jugements leur évolution propre, leur développement calme et sans perturbation, qui, comme tout progrès, doit avoir de profondes racines et n’être pressé par rien ni accéléré. Tout est d’abord mené à terme, puis mis au monde. Laisser s’épanouir toute impression et tout germe d’un sentiment au plus profond de soi, dans l’obscurité, dans l’ineffable, dans l’inconscient, dans cette région où notre propre entendement n’accède pas, attendre en toute humilité et patience l’heure où l’on accouchera d’une clarté neuve: c’est cela seulement qui est vivre en artiste, dans l’intelligence des choses comme dans la création.

Le temps n’est plus alors une mesure appropriée, une année n’est pas un critère, et dix ans ne sont rien; être artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter, mûrir tel un arbre qui ne presse pas sa sève, et qui, confiant, se dresse dans les tempêtes printanières sans craindre que l’été puisse ne pas venir. Or il viendra pourtant. Mais il ne vient que pour ceux qui sont patients, qui vivent comme s’ils avaient l’éternité devant eux, si sereinement tranquille et vaste. »

Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète

15 avril 2012. Étiquettes : . Uncategorized. Laisser un commentaire.

En finir avec le dualisme raison versus émotion

Dédicacé à Modprobe…

Nous sommes aujourd’hui submergés par un amoncellement de données scientifiques, rassemblées à l’aveuglette, parce qu’il n’existe pas de schéma directeur permettant de comprendre la création dans les sciences. Nous sommes submergés par un foisonnement de nouveau procédés pseudo-artistiques, parce qu’il n’existe aucune tentative de renouvellement en profondeur. Nous formons des artistes sans connaissances scientifiques, et des savants qui ne connaissent rien à l’art. Ni les uns ni les autres n’ont aucun sens de la spiritualité profonde. Le résultat est abominable. il est plus que temps de réunifier l’art et la technique.

(…)

La sérénité n’est pas un élément superflu de la technique. Elle est fondamentale. Les instruments de mesure, d’observation, de contrôle, les examens et les vérifications ont pour but final d’assurer la sérénité des techniciens responsables. Ce qui compte en définitive, c’est leur sérénité. Elle est indispensable pour percevoir la qualité véritable, celle qui transcende la qualité romantique [artistique] et la qualité classique [technique], et qui les unit, et qui doit guider le travail au fur et à mesure de son déroulement. Pour percevoir la valeur d’un travail, et pour comprendre les raisons de cette valeur, pour communiquer avec son oeuvre, il faut cultiver une profonde tranquillité d’esprit, une sérénité qui permette l’illumination devant la Qualité.

J’ai parlé de sérénité profonde. Elle n’a pas de relation directe avec les conditions extérieures. Elle peut toucher le moine au sein de sa méditation, le soldat au coeur de la bataille, comme l’ouvrier fignolant sa pièce au centième de millimètre. Elle implique l’oubli de soi, qui entraîne l’identification complète avec le milieu ambiant, et il y a des niveaux variables de cette identification, comme il y a des niveaux de la sérénité, tout aussi difficiles à atteindre que les degrés correspondants de l’ouvrage à effectuer. Les sommets du travail pratique ne sont qu’une direction dans la découverte de la Qualité. Ils n’ont que peu de signification, et sont sûrement difficiles à atteindre, si l’on ne sait pas d’abord plonger dans l’océan de la conscience profonde – si différente de la conscience de soi. Seule la sérénité permet cet approfondissement.

Elle comporte trois niveaux: la paix du corps – qui semble la plus facile à obtenir, encore que, dans ce domaine, on puisse distinguer plusieurs degrés, comme en témoignent les mystiques hindous qui peuvent rester plusieurs jours enterrés; la paix de l’esprit, où l’on se libère de toute pensée vagabonde; la paix de l’âme, par laquelle on se libère de tout désir, mais par laquelle on parvient à accomplir, sans désir, tous les actes de la vie. Cette paix de l’âme est la paix suprême, la plus dure à conquérir.

J’ai souvent pensé qu’elle était semblable à la tranquillité du pêcheur à la ligne – ce qui expliquerait la popularité de ce sport. Assis au bord de la rivière, sans bouger, sans penser à rien, sans se faire de souci, le pêcheur sent s’effacer les tensions et les frustrations internes qui l’ont empêché jusqu’alors de résoudre ses problèmes.

Bien évidemment, il n’est pas besoin d’aller à la pêche avant de réparer sa moto. Il suffit d’une tasse de café, d’une balade autour du quartier, de cinq minutes de silence, avant de commencer, pour éprouver la montée de cette sérénité profonde, qui met tout en lumière, et qui porte en elle le goût du travail bien fait, le désir de la Qualité.

Je crois que lorsqu’on fait de ce concept de sérénité le centre du travail technique il se produit une fusion des qualités classique et romantique, à un niveau fondamental, et dans un contexte pratique. J’ai dit qu’on pouvait voir cette fusion à l’oeuvre chez certains mécaniciens et ouvriers qualifiés. On en voit le résultat dans leur travail. Dire que ce ne sont pas des artistes, c’est ne rien comprendre à la nature de l’art. Ils ont de la patience, du soin et portent de l’attention à ce qu’ils font – mais plus encore: leur paix intérieure n’a rien d’artificiel, elle résulte d’une harmonie avec leur travail. Le travail ne prime pas sur l’ouvrier, ni l’ouvrier sur le travail. La matière travaillée et les pensées de l’artisan se modifient simultanément dans une progression constante, jusqu’à ce que la pensée de l’homme soit au repos, et le produit achevé.

Nous avons tous connu de tels moments quand nous accomplissions une tâche qui nous tenait à coeur. mais, malheureusement ces moments sont le plus souvent dissociés du travail. Le mécanicien dont je parle ne connaît pas cette dissociation. On dit qu’il s’intéresse à ce qu’il fait, qu’il est concerné par son travail, et ce qui permet cette identification, aux frontières de la conscience, c’est le sens de l’unité entre le sujet et l’objet. Il y a une quantité d’expressions familières, comme « être dans le coup », qui reflètent ce refus du dualisme sujet/objet, parce que c’est une attitude courante de l’intelligence populaire mais il y a peu de termes scientifiques qui rendent compte de cette notion, parce que les scientifiques refusent de comprendre ce type d’intelligence, en adoptant comme préalable le point de vue du dualisme formel [différenciation entre le sujet et l’objet].

Les bouddhistes zen parlent de la « position assise ». C’est une pratique de méditation, dans laquelle l’idée d’une distinction entre le soi et les objets ne domine pas la conscience. Quand je parle de l’entretien des motocyclettes, je sous-entends une « position contemplative » où l’on élimine de même cette distinction. Quand on n’est pas dominé par le sentiment d’une séparation d’avec son travail, on peut dire qu’on se consacre vraiment à ce qu’on fait. C’est cela l’attention véritable: un sentiment d’identification avec ce que l’on fait. Et, quand on éprouve ce sentiment, on en perçoit aussi l’autre face: la Qualité elle-même.

Aussi convient-il, lorsqu’on travail sur une motocyclette, ou lorsqu’on se consacre à n’importe quelle autre tâche, de cultiver la sérénité; elle permet de demeurer en union avec le monde extérieur. Quand on y parvient, tout le reste s’ensuit naturellement. La sérénité permet de découvrir les vraies valeurs, et les vraies valeurs permettent les pensées justes, qui entraînent les gestes exacts. L’oeuvre qui en résulte est alors le reflet matériel et visible de la sérénité de celui qui l’accomplit. (…)

Je crois que, si nous devons réformer le monde et en faire le séjour d’une vie meilleure, la voie n’est pas dans les discours sur les structures politiques, qui sont inévitablement dualistes, fondés sur les rapports des sujets et des objets; elle n’est pas non plus dans les programmes qui régentent le travail des autres. Je crois que c’est mettre la charrue avant les boeufs. Tout programme de caractère politique est le résultat final de l’emprise de la Qualité sur la société. Il ne peut être efficace que si l’infrastructure des valeurs sociales est correcte – et les valeurs sociales ne peuvent être correctes qui se les valeurs individuelles le sont. Pour améliorer le monde, il faut commencer par améliorer son propre coeur, et sa tête, et ses mains – puis avancer, progressivement, vers le reste du monde. D’autres parleront de la destinée de l’humanité. Moi, je veux seulement parler de l’entretien des motocyclettes.

Extrait de « Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes » (Robert M. Pirsig)

Il n’y a pas que Pirsig qui arrive à cette conclusion… (il y a de la pub au début mais j’ai choisi ce lien parce qu’il y a le texte en bas de la vidéo). Bien sûr, ce n’est pas d’arriver à une conclusion qui est important ici.

Mais quand même: à quand un parti politique prônant la sérénité et la qualité? Evidemment, aucune chance de gagner des élections, mais ça permettra peut-être à quelques étoiles parsemées dans l’univers de se sentir un peu moins seules…

12 février 2010. C'est pas moi qui l'ai dit. Laisser un commentaire.

Sans sommet, pas de pentes à grimper (ni à dévaler)

Il faut escalader les montagnes, en effet, en produisant le moins d’effort possible. C’est le tempérament du grimpeur qui doit déterminer sa vitesse. Si vous vous essoufflez, ralentissez. Pour grimper, maintenez un équilibre entre ceci et cela. Quand on ne pense pas au but de la course, chaque pas prend une valeur propre et devient un acte qui se suffit à lui-même. Tiens, cette feuille dont les bords sont déchiquetés. Ce rocher, là-bas, n’a pas l’air stable. De cet endroit précis, on ne voit plus la neige, et pourtant on s’en est rapproché. Ce sont ces petits détails qu’il faut remarquer pendant l’escalade. Il est vain de marcher vers quelque but trop lointain. C’est à fleur de montagne que se développe la vie, et non au sommet. Mais s’il n’y avait pas de sommet, il n’y aurait pas de pentes… Nous allons de l’avant… Nous allons loin, nous avons du chemin à faire, et nous ne sommes pas pressés… Un pas après l’autre… et un peu de Chautauqua pour nous divertir. La méditation est tellement plus passionnante que la télévision. C’est incroyable que personne ne veuille le comprendre… Ils se disent sans doute que ce qu’ils perçoivent autour d’eux n’a aucune importance. Mais tout en a, justement.

Extrait de « Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes » (Robert M. Pirsig)

9 février 2010. C'est pas moi qui l'ai dit. Laisser un commentaire.

Vérité latérale

Extrait de « Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes » (Robert M. Pirsig):

Il prenait cette route pour gagner les hauteurs, puis il s’enfonçait dans la nature, avec son sac à dos, pour quatre ou cinq jours. Il ne redescendait que pour aller acheter quelques provisions. Ce besoin d’altitude était, chez lui, presque physiologique. Le fil de ses pensées était si long, si embrouillé, si abstrait, qu’il lui fallait tout le silence et l’espace de la montagne pour arriver à le dérouler, comme si les édifices fragiles qu’il passait des heures à échafauder ne pouvaient résister à la moindre distraction, à la moindre sollicitation extérieure. Même avant qu’il ne devienne fou, sa façon de penser ne ressemblait pas à celle des autres. Elle se situait au niveau où tout bouge et change, où les valeurs et les vérités institutionnelles disparaissent, et où l’on ne peut continuer à progresser que grâce à sa propre intelligence. Son échec universitaire l’avait libéré de toute obligation vis-à-vis de la tradition, et il avait acquis ainsi une indépendance que peu de gens connaissent. Il sentait que les écoles, les Eglises, gouvernements, organisations politiques diverses ont tendance à orienter la pensée vers autre chose que la vérité – à l’utiliser pour se perpétuer eux-mêmes en tant qu’institutions, et pour mieux contrôler les individus qui les servent. Il en vint à considérer son échec comme un accident heureux qui lui avait permis d’échapper au piège des vérités établies. Il lui avait fallu du temps, certes, pour comprendre ce processus, et réagir de cette manière. Au point que j’en perds moi-même le fil de mon histoire – car cette attitude n’a été la sienne que beaucoup plus tard.

Au début, Phèdre se contentait de chercher des vérités latérales. Non pas les vérités que recherche la science, et qu’elle attaque de front – mais celles qu’on arrive à attraper en biais, du coin de l’oeil. Dans un travail de laboratoire, quand toute une hypothèse s’écroule, quand les résultats sont peu concluants ou si inattendus qu’on ne peut rien tirer, on commence à regarder latéralement. Il devait employer ce mot « latéral » pour décrire un mode de croissance du savoir, qui ne se développe pas vers l’avant comme une flèche, mais vers le côté, comme cette autre flèche, dans la tête de l’archer qui a frappé au coeur de la cible et gagné le premier prix, mais qui se réveille la tête sur l’oreiller, aux premiers rayons du soleil matinal. La connaissance latérale, c’est la connaissance qui vient d’une direction totalement inattendue, et dont on ne soupçonnait même pas que c’était une direction. Les vérités latérales soulignent la fausseté des axiomes et postulats sur lesquels repose le système de recherche de la vérité qui a toujours été le nôtre.

5 février 2010. C'est pas moi qui l'ai dit. Laisser un commentaire.

Faire l’expérience

Extrait de « Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes » (Robert M. Pirsig):

Le savant de service, dans les feuilletons télévisés, avoue d’un ton geignard: « L’expérience a échoué, nous n’avons pas obtenus les résultats espérés. » L’échec vient, en fait, du scénariste. Une expérience n’est jamais un échec, même lorsque les buts escomptés ne sont pas atteints. Il n’y a vraiment échec que lorsqu’on ne peut tirer d’une expérience aucune conclusion valable, dans un sens ou dans l’autre, sur l’hypothèse de départ.

5 février 2010. C'est pas moi qui l'ai dit. Laisser un commentaire.

Une poignée de sable que l’on appelle conscience

Extrait de « Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes » (Robert M. Pirsig):

À chaque instant, nous éprouvons des millions de sensations diverses, dont nous sommes plus ou moins conscients: ces collines brûlées, le bruit du moteur, les vibrations de la machine; chaque rocher, chaque plante, les barrières, les détritus au bord de la route. Nous percevons tout cela, mais nous n’en prenons pas vraiment conscience, sauf si nous avons à réagir à une sollicitation inhabituelle. Nous ne pouvons prendre conscience de tout ce qui est, notre esprit serait surchargé de détails inutiles, cela rendrait toute pensée impossible. Nous devons trier parmi nos perceptions, et le résultat de ce tri que nous appelons « conscience » n’est jamais identique à nos perceptions: parce qu’en triant nous modifions le réel. Nous prélevons une poignée de sable dans le paysage infini qui nous entoure – et nous la baptisons: monde. C’est sur ce monde que nous appliquons le processus de discrimination. Nous divisons le sable en petits tas: l’ici et l’ailleurs, le blanc et le noir – l’hier et l’aujourd’hui. (…) Plutôt que de s’interroger sur l’usage possible de la poignée de sable, il convient de se tourner vers l’immense paysage dont elle fait partie.

5 février 2010. C'est pas moi qui l'ai dit. Laisser un commentaire.

Mon ami le crayon gris

À l’école, quand j’étais enfant, j’étais terrorisé par la dictée. J’étais pourtant l’un des meilleurs de la classe en orthographe. Mais j’avais si peur de ne pas réussir à écrire assez vite que ma main se mettait à trembler, et bientôt je n’arrivais plus à former que des lettres tremblotantes et illisibles. Une fois, la crise fut si grave que la maîtresse dût m’allonger dans un coin de la salle de classe. Les conséquences étaient nulles. Pourtant, pour moi, c’était le drame. Je redoutais des semaines à l’avance le jour fatidique de la dictée.

En fait, pour être plus précis, les problèmes ont commencé au moment où nous avons passé du crayon gris à la plume – une plume de marque « Pelikan » bleue, pour les intimes. C’est un détail maintenant mais à l’époque, c’était l’une des bornes qui marquait une nouvelle étape vers l’âge adulte. Un passage constamment attendu et, une fois atteint, à jamais regretté – vous connaissez la chanson. La plume, c’est du sérieux, parce que l’encre tache si on ne fait pas attention et on ne peut retravailler le texte que par le biais d’un instrument compliqué et salissant: l’effaceur. Autrement dit, plus le droit à l’erreur. Pour un gamin de huit ans, c’est traumatisant.

À côté de la plume, le crayon gris prenait pour moi des allures de paradis perdu (à cause de quel péché originel, je me le demande encore). Un coup de gomme, et les erreurs n’ont jamais existé. Quel pied! C’est la douce joie de la sécurité: le trapéziste a besoin du filet pour réussir son triple salto. Ici, la sécurité, c’est l’assurance que tout est éphémère, parce que la trace de la mine pâlit et finit par disparaître. Même les plus grosses erreurs finissent par s’estomper, s’oublier.

Donc, on me proposa d’écrire au crayon gris et je continuai mes dictées et ma scolarité sans peine. Aujourd’hui, tout ça n’a plus d’importance, et j’écris même au stylo bille, voire au marker indélébile – tellement chus un gue-din! Par contre, j’ai toujours besoin de croire que tout ce que j’écris pourrait être effacé, que rien ne reste gravé, que rien ne reste grave. Voilà pour l’éloge du crayon gris.

5 février 2010. Uncategorized. Laisser un commentaire.

Sa voix sourit

Au téléphone, sa voix sourit. Elle ne m’en veut pas. Elle ne m’en veut pas de l’avoir laissée sans nouvelle pendant une semaine. D’avoir fait le mort pour me recentrer. A-t-elle compris que si elle me fait confiance, je reviens de ces absences plus fort et plus moi, plus prêt que jamais à l’aimer? Si c’est bien cela, c’est qu’elle me connaît, c’est qu’elle me fait confiance, c’est qu’elle accepte de porter sur mes besoins de solitude un regard bienveillant, c’est qu’elle est disposée à sacrifier de ses propres attentes pour me soutenir dans mon épanouissement individuel. Alors je peux rayonner, réchauffer son coeur et nourrir notre histoire d’un amour quasiment infini.

19 décembre 2009. Spontané. Laisser un commentaire.

Crise en thème

Elle est drôle. Elle est intelligente. Elle est attentive. Elle me regarde et elle me dit qu’elle m’aime.

Et pourtant je n’ai jamais été moins moi-même.

À Noël peut-être des chrysanthèmes.

18 décembre 2009. Spontané. Laisser un commentaire.

Au loin, juste là.

Je ne ressens plus. Je n’ai plus ces sentiments qui me transpercent, qui me chiffonnent, qui me déchirent. Qui me font vivre.

J’observe, de loin, la beauté du ciel, et j’aimerais pouvoir vous la décrire. Mais je ne prends plus le temps de trouver les mots. J’aimerais pouvoir en parler avec quelqu’un que cela touche aussi. Mais il y a bien une vidéo sur Youtube plus extraordinaire qu’un ciel de fin avril, même plein de nuages gris plomb et blancs plume. Alors j’avale, je bouffe des images, du divertissement pas cher. L’extraordinaire d’hier est devenu la norme, recalant le miracle de la vie à la désuétude. Le spectateur a trop de merveilles à regarder, il n’a plus besoin de participer.

Je lis les textes de Fabienne et je pleure ma sensibilité perdue. J’aimerais retrouver la force d’écrire des textes avec le sang de mes blessures. J’étais triste, mais jamais à côté de moi-même. Ma sensibilité sommeille au fond de moi et j’aime croire qu’elle va bientôt se réveiller, comme la glycine des Bastions ces jours-ci. Quel sera le déclencheur?

Peut-être le parfum de cette fille sucrée que j’aimerais plus que tout voir jouir sous mes caresses, peut-être l’écriture de ce long sanglot que je garde en moi depuis que j’ai lu la lettre.

J’ai trouvé sécurité, confiance, équilibre. Non, je les ai achetés plutôt, au prix d’un mouvement gayanofuge. Et maintenant ces fruits appétissants me laissent un arrière-goût de lâcheté. Vivre dans un stable confort est chose agréable, devenir soi-même ne l’est pas toujours. Et pourtant, quoi de plus essentiel?

Tout la sagesse acquise ces derniers mois n’était donc qu’un autre palier. Comme lorsque l’on gravit un éperon que l’on pense être le sommet. Je reprends le bâton de pèlerin, sur lequel j’ajoute une encoche à la suite de celles gravées à chaque étape où j’ai appris, et je me remets à marcher vers la lumière, vers ces moments de compréhension absolue où je verrai l’univers qui est en moi, dans une transparence célèste.

C’est fait, j’ai finalement pu vous décrire le beau ciel tourmenté que j’ai vu se mouvoir aujourd’hui juste devant moi. Quand on y pense, le ciel ressemble à la vie: on a les yeux rivés sur la forme qu’il peut avoir au loin, à en oublier qu’il commence juste devant soi.

14 avril 2008. Travaillé. 1 commentaire.

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